la-misere-vaincra

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La vie de Germain Pilon.

 

Premier chapitre.

 

 

Il aimait se présenter saucetamatologue. De taille moyenne il se grandissait avec des bottes mexicaines et chapeau imperméable en cachemire. Il avait officiellement falsifié sa taille sur sa carte d'identité. et avait pour obsession d'en faire établir une prochaine à deux mètres zéro cinq. Il se disait sain d'esprit mais cependant en doutait quelques fois. Aux dires de ses proches, fantasque et imprévisible, rêveur, il n'avait pas le goût de l'effort sinon pour ce qui l'intéressait et ce qui l'intéressait ne servait à rien. Germain Pilon n'était pas seulement une élégance raffinée, c'était aussi un poète. Un grand poète. Pourtant jamais personne ne le sut, lui même l'ignora de son vivant.

 

Il pensait souvent à la mort et se voyait dans sa dernière demeure à la droite de Dieu car pas un seul instant il ne doutait qu'il ne reconnaisse en lui un de ses fils. Il croyait au cinquième évangile apocryphe polythéiste, à la déesse Rhéa-Silvia aux seins orangés et à la vulve violette, à l'âne aux grandes oreilles assis sur un trône d'airain, à l'Esprit de l'escargot qui en est dépourvu.

Dans un roman qu'il avait beaucoup aimé il gardait en mémoire une phrase " Parti de rien pour arriver nulle part, ma trajectoire a été exemplaire " et à force d'y réfléchir, inanimé, froid et raide de réflexion, en ces instants il n'en doutait pas. Tortueuse trajectoire. Pourtant il s'en aurait fallu de peu.

 

Longtemps il avait pensé que son comportement était irréprochable et celui de ses amis vermoulu. Que leur nature désorganisée et démantibulée pour certains d'entre eux, les avait entraînés dans le désordre et la confusion. La déviance de leur jugement avait dénaturé leur vision. Ils n'avaient pas su voir en lui le génie qu'il était. Il aimait à rappeler pour ceux qui l'ignoraient que Pilon était un génie. Peintre, mathématicien, architecte, sculpteur et dompteur de glycine, ce que Néromi de Toddo n'était pas, aimait-il a rappeler.

 

Tard dans la nuit lorsqu'ils se réunissaient autour d'un verre, il leur demandait si ils avaient conscience que le jour où il ne se serait plus, une lumière disparaîtrait, qu'une étoile s'éteindrait. Confronté à leur perplexité, il soulignait qu'une interrogation lapidaire et ingénue avait structuré l'informulé, l'essence même de son identité, une interrogation phénoménologique de la beauté. Appréhender la beauté du monde, la regarder, l'aimer, l'ignorer puis la détruire. En un mot, regarder, analyser puis dire tout et son contraire. Dire et se taire, qui de son propre aveu était était pour lui, d'une difficulté suprême.

Que de subtilités leur disait-il, je vois à vos visages que votre tête en chavire par tant de spéculations. Prenez garde chers amis, longtemps vous avez pensé être pénétré par une profondeur abstractionnelle intelligible, alors que vos esprits n'étaient que trompés et se fourvoyaient dans des lectures incompréhensiblement intellectualisées qui aggravaient l'errance de vos pensées et l'absurdité de vos convictions. Et vous faisait tenir pour un savoir votre ignorance.

 

N'en doutait pas c'est en toute sincérité et amitié que je me livre à vous. Non je n'ai pas connu l'amertume. La poésie, cette solitude au bord du précipice m'a sauvé. Que d'heures tardives dans la nuit silencieuse devant la page blanche qui vous donne l'allure du poète sans en avoir le talent. A vos grimace, je me dis et j'en conviens que je suis trop sévère envers moi-même. Je vous laisse seuls juges.

 

Glou Glou

fait la cigale

Cri Cri

fait le chacal

Von flon Von flon

fait le scologlouton.

 

 Ah !... j'entends bien quelques rires parmi vous, mais seuls des esprits éclairés peuvent goûter cette poésie déstructurée. Et pour ceux qui se reconnaissent, écoutez cette musicalité, ce lyrisme, cette magnifique envolée, haiku axiomatique de légende médiévale et de nature contemporaine.

 

La licorne n'a qu'une corne alors que le boeuf en a deux.

 

Je pourrais vous dire encore tant de choses d'une puissance obscure et à la fois lumineuse mais le temps me manque. Il faut me rendre chez mon psychiatre.

 

 

 

 

                                                                          Page 1

                                                                         à suivre

 



22/12/2016
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